Translation for "s'arrachaient" to spanish
S'arrachaient
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Car que nous reste-t-il en fin de vie à part les précieuses images qui défilent en nous et dont personne n’osera mettre en cause la limpide vérité. Tant de choses se perdent au fil des années, une défection chasse l’autre, rien que de très naturel. Interdit de se plaindre, même celui qui a accumulé les richesses mourra dans le dénuement le plus total, alors que dire d’elle qui est née trop tôt, ou trop tard, en tout cas pas au bon moment et pas au bon endroit, puisqu’elle est venue au monde en un lieu et à une époque qui exigeaient ce qu’elle n’avait pas et repoussaient avec mépris ce qu’elle aurait volontiers donné, une époque et un lieu qui attendaient de la voir grimper sur les toits et sauter de l’un à l’autre comme s’il n’y avait pas de gouffre béant au milieu, de la voir courir sur les ponts branlants et le long des voies ferrées suspendues au-dessus des gorges de la rivière, pêcher dans le lac par les nuits glaciales et d’un noir d’encre, alors que tout ce qu’elle désirait, c’était de les éblouir par ses mots, elle avait en elle tant d’histoires jamais écrites mais qu’elle connaissait par cœur, pourquoi donc chaque fois qu’elle commençait à les raconter, ses petits camarades se moquaient-ils de sa langue trop recherchée et des invraisemblances de ses récits, ça n’existe pas, lui reprochaient les rares gamins qui acceptaient de l’écouter, on n’a jamais vu un lac qui parle ! Car les secrets du lac, elle les instillait dans leurs oreilles indifférentes au cours de longues nuits d’hiver, quand les vents sifflaient autour du bâtiment isolé abritant la maison d’enfants, qu’ils arrachaient tout sur leur passage, oui, elle narrait alors les histoires que lui avait révélées le lac en personne, rien que des événements dont il avait été témoin, avec ses yeux, ses oreilles, sa langue et ses doigts, comme par exemple celle de ce navire chargé d’or qui avait sombré dans ses abysses emportant avec lui une fillette endormie sur son pont, elle avait été noyée et, parfois la nuit, on l’entendait pleurer et crier, maman, viens, maman, ou encore le drame de cet homme qui aimait sa maîtresse à la folie, l’avait perdue entre les hauts roseaux et murmurait sa passion interdite aux oreilles des oiseaux migrateurs, et puis un jour c’est la raison qu’il avait perdue et les marais l’avaient englouti, mais il continuait, sous la terre, il susurrait des mots doux jusqu’à ce que sa gorge se remplisse de boue, il mourait et ça recommençait, ou bien l’histoire de cette femme qui, désespérée de ne pas avoir de fruits de ses entrailles, venait tous les jours s’immerger dans les eaux du lac en le suppliant de la guérir de sa stérilité, à la fin le lac lui avait répondu, je serai ton bébé, je serai ton enfant, il lui avait empli l’utérus, elle avait vu son ventre grossir et elle avait accouché d’un enfant d’eau, une vaguelette qui s’était aussitôt mêlée à ses frères et sœurs et avait disparu dans l’onde.
Qué queda entonces para nosotros en el ocaso de nuestros días si no las visiones de todo aquello que es apreciado por nuestras almas, y quién osaría negar la autenticidad de esas imágenes grabadas a fuego. Tanto nos han arrebatado en el transcurso de los años, pérdida tras pérdida, es así nuestra naturaleza, no podemos siquiera quejarnos, también aquel que acumuló riquezas morirá falto de todo y por supuesto que ella, Hemda Horowitz, que nació demasiado tarde o demasiado temprano, pero seguramente no en el lugar ni en la época adecuados para ella, un tiempo y un lugar que le exigieron algo que no estaba en su poder dar y que en cambio rechazaron con desprecio todo lo que ella ofreció. Le exigieron que saltara por los tejados, que fuera de techo en techo como si no hubiera abismos entre uno y otro, que corriera por puentes tambaleantes, por cables suspendidos en el aire sobre las gargantas de los ríos, que pescara en el lago por las noches frías y oscuras como el asfalto, en cambio ella prefería deslumbrar con las palabras, tenía tantas historias que jamás volcó por escrito, las recordaba todas con su maravillosa memoria, pero cuando quería contarlas los niños se burlaban de su lenguaje poético, de lo exagerado de los relatos, ¡eso es imposible!, se empeñaban en explicarle los pocos que condescendían a oírla, ¡no existen los lagos parlantes! Pues eran los secretos del lago los que susurraba ante aquellos oídos maldispuestos en las noches de invierno, cuando soplaba el viento alrededor del aislado dormitorio de los niños, llevándose a todo aquel que se pusiera en su camino, todas esas historias que le contó el lago, cosas que vio con sus ojos y oyó con sus oídos, saboreó con su lengua y palpó con sus dedos de agua. La historia de la barca de pescadores cargada de oro y hundida en sus abismos que acuna en su proa a una durmiente niña ahogada cuyos llantos se escuchan, a veces, en las noches, mamá, ella grita, ven, mamá;
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