Translation for "actées" to spanish
Actées
  • cohortes
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cohortes
Nous sommes l’après-midi, il doit être trois heures, oui, je sens que c’est l’après-midi… étrange, l’après-midi se remarque même quand on est au lit, tu l’entends avec les oreilles, il a une respiration bien à lui, et avec l’odorat, avec les oreilles et avec le flair, et puis il y a un coq qui se met à chanter l’après-midi, c’est un coq stupide, qu’est-ce qu’il a à chanter, il se croit courageux, ce n’est nullement courageux, c’est seulement stupide et orgueilleux, il y avait une fois deux hommes dans ces montagnes, ils étaient courageux tous les deux, ils menaient le même combat, mais ils étaient divisés sur le futur de leur pays, l’un d’eux était lui, il se trouvait derrière un rocher et fixait une fleur, les trois brigades ouest allaient passer sous ses ordres, mais il devait d’abord devenir un héros, ce n’est pas si facile de devenir un héros, un millimètre par-ci et tu es un héros, un millimètre par-là et tu es un lâche, c’est une affaire de millimètres, lui était là, il fixait une fleur et le paysage qui lui faisait face était son arène, allait-il gagner le combat ou se ferait-il descendre ?… ça arrive parfois, tu es sur le point de devenir un héros et tout finit de façon merdique… De grâce, entrouvre les persiennes, ce doit être déjà le soir, je l’ai compris, avant je m’étais trompé, tu écris ?… écris tout dans les moindres détails, d’autres choses tu es libre de les écrire à ta manière, mais ça non, écris mes paroles… ouvre un peu les persiennes, laisse entrer un peu d’air frais… les héroïsmes finissent souvent de façon merdique, ou même la plupart du temps, mais on ne doit pas le dire, ce n’est pas adapté à l’éducation des enfants, et puis comment ferais-tu pour tenir la main sur le cœur, parce que après l’héroïsme il faut la main sur le cœur, quand tu es face au drapeau, tu es là, tu attends la croix sur la poitrine, toutes les autorités sont alignées devant toi… croix de guerre, pas n’importe quel truc de mes couilles… il y a le président de la république avec son épouse, mon dieu quel couple, Tristano les regarde, heureusement c’est un documentaire, la Semaine des Actualités, en noir et blanc, et l’absence de couleurs rend la scène moins effroyable, sur l’estrade se trouvent toutes les autres autorités de circonstance, le ministre de l’Intérieur, celui de la Défense, un général suspendu aux médailles qu’il porte sur la poitrine, un cardinal, peut-être deux, la fanfare à panache, dimanche prochain cette solennelle cérémonie d’héroïsme patriotique sera diffusée dans tous les cinémas d’Italie, ou du moins dans les grandes villes, avant l’émouvant film américain où elle dit que demain est un autre jour sur fond de coucher de soleil sanguinolent… et le discours pour les Actualités filmées est historique, car les jeunes générations doivent savoir que l’ici présent décoré est bel et bien un héros national, et qu’il a vraiment commis cet acte d’héroïsme, mais il n’est pas lui, il est comme le soldat inconnu, il représente tous les Italiens, y compris nous présidents et généraux qui ne prîmes pas part à la Résistance, il nous représente tous car jamais le peuple italien ne fut fasciste, et nous nous reconnaissons en lui, le peuple italien a toujours combattu le fascisme, toujours, jamais il n’a eu l’idée d’être fasciste, le peuple italien… C’était moi qui rêvais, pense Tristano, je ne combattais contre personne, les fascistes n’ont jamais existé, c’est moi qui me l’imaginais… le président tordu avance droit vers lui accompagné d’un haut officier qui tient sur un plat d’argent la croix de guerre, ils sont tous serrés en rang d’oignon, Tristano, tu n’as pas d’échappatoire, pense Tristano, maintenant je m’échappe, cette aube-là je ne m’échappai pas, je restai derrière le rocher la mitraillette à la main, mais là je m’échappe, maintenant ou jamais, échappe-toi Tristano, échappe-toi, ou tu seras bientôt le héros de ces gens-là, égal à eux, et tout sera accompli et irrémédiable… L’écrivain, ouvre la fenêtre, ouvre-la en grand, je veux sentir la fraîcheur du soir, parce qu’à moi le soir est si cher, on t’a enseigné ça à l’école ?, tu auras toi aussi eu un jean-foutre de professeur qui te l’a enseigné, Tristano aussi aurait eu besoin de fraîcheur, et au contraire il transpirait, il ressentait une chaleur insupportable, ouvre-moi la fenêtre, l’écrivain, laisse entrer la fraîcheur nocturne, ah !
Es por la tarde, serán las tres, sí, siento que ya es por la tarde… qué extraño, la tarde se advierte incluso estando en esta cama, la sientes con los oídos, tiene su propia respiración, y con el olfato, con los oídos y con el olfateo, y además hay un gallo que se pone a cantar por la tarde, es un gallo estúpido, para qué canta, cree ser valiente, no lo es en absoluto, es solo un estúpido y un engreído, había una vez dos hombres en estos montes, eran valerosos ambos, combatían la misma batalla, pero discrepaban sobre el futuro de su propio país, uno era él, estaba detrás de un peñasco y miraba fijamente una flor, las tres brigadas del oeste iban a pasar a sus órdenes, pero antes debía convertirse en un héroe, no es nada fácil convertirse en héroe, un milímetro a un lado y eres un héroe, un milímetro a otro lado y eres un cobarde, es una cuestión de milímetros, él estaba allí, miraba fijamente una flor y el paisaje frente a él era su palestra, ¿vencería el combate o se cagaría en los pantalones?… a veces eso pasa, estás a punto de convertirte en héroe y todo acaba en mierda… Te lo ruego, entreabre las persianas, debe de ser ya de noche, ahora lo comprendo, antes me había equivocado… ¿estás escribiendo?… escríbelo todo con pelos y señales, en otras cosas tienes libertad de escribir a tu manera, pero en esto no, escribe mis palabras… Abre un poco las persianas, deja que entre algo de fresco… a menudo los heroísmos acaban en mierda, mejor dicho, casi siempre, pero eso no debe decirse, no es adecuado para la educación de los niños, y luego cómo te las apañarás para ponerte la mano en el corazón, porque después del heroísmo es necesaria la mano en el corazón, cuando estás frente a la bandera, ahí estás tú, esperas la cruz en el pecho, las autoridades están todas formadas delante de ti… cruz de guerra, no una gilipollez cualquiera… está el presidente de la república con su mujer, dios mío qué pareja, Tristano los mira, por suerte es un documental, es la Settimana Incom,[12] en blanco y negro, y la carencia de color hace la escena menos horrenda, en el palco todas las otras autoridades de la ocasión, el ministro del interior, el de defensa, un general colgado de las medallas que lleva en el pecho, el cardenal, acaso dos incluso, la banda con el penacho, el próximo domingo esta solemne ceremonia del heroísmo patrio será transmitida en todos los cines de Italia, o por lo menos en las grandes ciudades, antes de la conmovedora película americana en la que se dice que mañana será otro día con un trasfondo de atardecer sanguíneo… y el discurso para la Settimana Incom es histórico porque las jóvenes generaciones deben saber que el aquí presente condecorado es, en efecto, un héroe nacional, y ese acto de heroísmo ha sido realizado precisamente por él, pero él no es él, es como el soldado desconocido, representa a los italianos todos, también a nosotros, generales y presidentes que en la Resistencia no tomamos parte, nos representa a todos nosotros, porque jamás el pueblo italiano fue fascista, y en él nos reconocemos, el pueblo italiano siempre combatió contra el fascismo, siempre, eso de ser fascista el pueblo italiano, ni en sueños… Era yo quien soñaba, piensa Tristano, luchaba contra nadie, los fascistas jamás existieron, me los imaginaba yo… el presidente torcido avanza derecho hacia él acompañado por un alto oficial que lleva sobre una bandeja de plata la cruz de guerra, están todos unidos en cohorte, Tristano, no tienes escapatoria, piensa Tristano, ahora huyo, en aquel amanecer de entonces no hui, me quedé detrás del peñasco con la metralleta en la mano pero ahora huyo, o ahora o nunca, huye, Tristano, huye, o dentro de poco serás el héroe de esta gente, igual a ellos, y todo será definitivo e irremediable… Escritor, abre la ventana, de par en par, quiero sentir el frescor de la tarde, porque a mí tan querido me viene la tarde, ¿te lo enseñaron en el colegio?, habrás tenido tú también un profesor mengano que te la habrá enseñado, también a Tristano le hubiera hecho falta algo de fresco, y en cambio sudaba, sentía un calor insoportable, ábreme la ventana, escritor, deja que entre el frescor nocturno, ah, la noche, déjate de atardeceres, la noche sí que debería ser celebrada, pero hacen falta cojones para celebrar la noche, porque la noche trae sueños, y pesadillas a menudo, y es difícil enfrentarse a las pesadillas, más que enfrentarse a los nazis, es allí donde se ve si eres de verdad un héroe, déjame solo, por favor, quiero ver si consigo dormir.
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