Traducción para "enraciner" a español
Frases de contexto similares
Ejemplos de traducción
— Intense, incessante, enracinée avec des tentacules qui se déploient à partir du centre, un nœud qui me tenaille des épaules jusqu’aux mains.”
—Profundo, interminable, una raíz con tentáculos que se esparcen desde el centro, un nudo duro desde los hombros hasta las manos.
Mais l’image a été semée et s’est profondément enracinée dans l’esprit des gens : l’écrivain est un être solitaire, grincheux et pauvre.
Pero la imagen se ha sembrado y ha echado raíz en la mente de la gente: el escritor es una persona solitaria, gruñona y pobre.
Par l’intermédiaire de sa langue fourchue, sa langue fabriquée, et aussi des moignons profondément enracinés d’une autre langue qu’on lui avait jadis arrachée, sa voix éclata, tonitruante.
Encontró su lengua bífida, y la raíz de una lengua más profunda que había sido arrancada, y dio grandes voces.
On pourrait ainsi tirer argument de l’enracinement légendaire de votre Fée dans de véritables châteaux et une authentique réforme agraire – c’est l’un des aspects les plus curieux de son histoire, pour un esprit moderne.
Algo de eso se podría pensar de la raíz legendaria de su Hada en castillos verídicos y reformas agrarias genuinas; uno de los aspectos más sorprendentes de su historia, para una mente moderna.
Mais enfin, la querelle qui ébranle la plupart des couples, au départ, n’est guère autre chose que cette bataille livrée par des substituts au nom d’adversaires véritables dont le conflit ne s’enracine jamais dans le hic et nunc, mais remonte parfois si loin que tout ce qui reste des valeurs des aïeux, ce sont les insultes que se lancent les jeunes mariés.
Pero es que la batalla que primero hace tambalearse los matrimonios es generalmente ésa: una batalla que libran dos suplentes en lugar de los verdaderos antagonistas, cuyo motivo nunca tiene raíz en el ahora y aquí, sino que a veces se remonta tan lejos en el tiempo, que los insultos que se cruzan los recién casados son todo lo que resta de los valores de sus abuelos.
En ces lieux, dans l’air doux et humide, parmi les fougères luisantes où peut-être demeurent des fées, la légende du roi Arthur est aussi profondément enracinée que les pins vénérables, et pourtant elle est également comme l’odeur de la fougère et du vulpin humides portée par la brise, elle est un esprit qui hante cette région, l’esprit de la vieille Angleterre sauvage et verdoyante persistant à s’épanouir, beau, solitaire et couronné de brume, au cœur des mers nordiques.
Y precisamente aquí, en el aire dulce y húmedo, entre esos espléndidos helechos donde moran las hadas, tiene su raíz la leyenda de Arturo, tan profunda como la de los viejos pinos. Sus ecos aún permanecen en el aire como el mismo perfume de los helechos húmedos y de las madrigueras de los zorros. Es un espíritu vivo que anima la región: el espíritu de la vieja Inglaterra, verde y agreste, que aún persiste, encantador, solitario y velado de niebla, en el corazón de los mares del norte.
Cette joie sourde, paralysante, s’enracine dans la certitude de l’absolue contingence de ma présence ici, de ma radicale inutilité.
Esta alegría sorda, paralizadora, arraiga en la certeza de la absoluta contingencia de mi presencia aquí, de mi inutilidad radical.
Cette mobilisation civique qui avait fait du parti Lavalas une formidable force politique enracinée dans tout le territoire et avait alimenté les illusions de changement pacifique de tout un peuple, le convainquit des possibilités de la démocratie — de la loi — pour mener à bien la transformation radicale avec laquelle il enflammait l’auditoire de ses sermons.
Aquella movilización cívica que hizo de Se Lavalas una formidable fuerza política con arraigo en todo el territorio y que levantó como la espuma las ilusiones de cambio pacífico de todo un pueblo, lo convenció de las posibilidades de la democracia —de la ley— para llevar a cabo la transformación radical con que encandilaba a los oyentes de sus sermones.
Il est enraciné dans l’égoïsme de notre individualité, même si, pour les cœurs généreux, il trouve généralement sa source dans la souffrance d’autrui.
Está enraizado en el egoísmo de la individualidad, aunque en la gente bondadosa, por lo general, encuentra su origen en el sufrimiento de otros.
« La voilà donc l’origine de ces voix qui chantent à la maison ! Tout le monde chante, une famille enracinée dans l’art du chant !
He aquí el origen de las voces que cantan en nuestra casa. Todos cantan. Es una familia enraizada en la música.
Les décisions graves et courageuses d’un homme indubitablement intelligent et sympathique peuvent-elles être enracinées dans une sottise ?
Las decisiones graves y valientes de un hombre indudablemente inteligente y simpático ¿pueden acaso tener su origen en una tontería?
Les vieux problèmes, il le savait, étaient enracinés dans un lointain passé, dans le sol même sur lequel il était planté, avant qu’il ne se mette à fulminer d’une radioactivité bouillonnante.
Pero él sabía que los problemas tuvieron su origen hacía mucho tiempo, en ese mismo suelo en el que ahora se hallaba, incluso antes de que destilara humos radiactivos.
Pour romancer comme il convient une authentique histoire non documentée, d’origine douteuse, la muse doit renoncer à une discipline solidement enracinée dans la quête de vérités improbables.
La novela de temática realista no documentada y de origen dudoso, requiere que la musa se abstenga de las disciplinas rigurosas que se ocupan de la verdad.
L’ami Geldmacher, qui faisait sortir de diverses flûtes, jusqu’au cœur de la nuit, un jazz enraciné dans l’Allemagne profonde, ne parvint pas à me consoler malgré toute la virtuosité qu’il mit à transformer en blues Am Brunnen vor dem Tore.
El amigo Geldmacher, que hasta entrada la noche fabricaba con diversas flautas dulces jazz de origen alemán, no podía consolarme, por muy virtuosamente que transformara en un blues la canción popular «En la fuente, ante la puerta».
Et il se passa alors quelque chose que je suis incapable d’expliquer, une chose que je ressentis au moment où ils coururent l’un vers l’autre, que je ressentis au plus profond de moi, en un lieu intouché qui vibra d’un mystère instinctuel, enraciné dans l’origine des espèces – indicible, encore que je fusse conscient que ce qui s’éprouve peut être nommé.
Y hubo algo que no puedo explicar pero que estoy seguro de haber sentido, y el lugar donde lo sentí fue en lo más hondo de mi ser, en un punto intocado que tembló con algo instintivo y arraigado en el origen de la especie, un algo innombrable, aunque estaba seguro de que si podía sentirlo también había de poder darle nombre.
Il mit longtemps avant de surmonter le manque d’assurance enraciné en lui du fait de ses origines modestes, sa petite stature, ses affections chroniques, et la voix aiguë dont il ne put jamais éradiquer la marque du « commun », avant de prendre conscience que son succès et sa réputation grandissants le rendaient attirant aux yeux des femmes.
Le costó un tiempo superar la inseguridad que había arraigado en él debido a sus orígenes humildes, a su pequeña estatura, a sus dolencias crónicas y a su voz chillona, de la que nunca logró erradicar por completo cierto vestigio «plebeyo»; tardó en darse cuenta de que su éxito y su fama crecientes lo volvían atractivo para las mujeres.
ainsi, disait-il, ils n’oseraient pas crever les pneus de la camionnette, comme ils désiraient le faire, comme ils auraient eu plaisir à le faire, expliquait-il, simplement pour l’empêcher de porter secours aux malades des villages voisins, de même ethnie et pourtant rivaux pour des raisons ancestrales sans origine ni fondement mais fermement enracinées au plus profond et au plus crasseux de la mémoire collective.
así, dijo, no se atreverían a reventarle las ruedas de la camioneta, como deseaban hacer, como habrían hecho con gusto, dijo, simplemente para impedirle llevar remedio a los enfermos de otros poblados vecinos, de su misma etnia, pero rivales por unas razones atávicas, sin origen ni fundamento, pero firmemente arraigadas en lo más oscuro y mugriento de la memoria colectiva.
Les politologues et les sociologues ne manquent pas qui expliquent le phénomène par un argument culturel : le vaudou et d’autres croyances ou pratiques syncrétistes d’origine africaine, fermement enracinées dans la population paysanne du pays, constitueraient un obstacle infranchissable pour sa modernisation politique et économique et feraient des Haïtiens des proies faciles pour la manipulation de n’importe quel démagogue nationaliste, des victimes désignées des caudillos toujours habiles à justifier leur permanence au pouvoir comme garants de ce que Papa Doc appelait « l’haïtianisme » ou « le négrisme ».
No faltan politólogos y sociólogos que explican el fenómeno con el argumento cultural: el vudú y otras creencias y prácticas sincretistas de origen africano, firmemente arraigadas en la población campesina del país, constituirían un obstáculo insalvable para su modernización política y económica y harían a los haitianos fáciles presas de la manipulación de cualquier demagogo nacionalista, víctimas propicias de los caudillos siempre listos a justificar su permanencia en el poder como garantes de lo que Papa Doc llamaba «el haitianismo» o «el negrismo».
Il y a dans ce pays une corruption, une pourriture profondément enracinées – chaque événement vient renforcer la corruption générale.
Existe una corrupción, una podredumbre fundamental, que extiende la corrupción al resto.
Car aucun sentiment, de goût ou de dégoût, n’est aussi solidement enraciné que le sentiment physique.
Esto es algo que representa una barrera infranqueable, pues ninguna sensación de agrado o desagrado es tan fundamental como una sensación física.
Tandis qu’au contraire les malheurs de la reine ou du prince malchanceux relient l’image de la pauvreté à l’idée d’un droit bafoué, d’une justice à revendiquer, c’est-à-dire fixent (sur le plan de l’imagination, là où les idées peuvent s’enraciner sous forme de figures élémentaires) un point qui sera fondamental pour toute la prise de conscience sociale de l’époque moderne, à partir de la Révolution française.
Mientras que, en cambio, las desventuras del príncipe o de la reina desgraciada unen la imagen de la pobreza con la idea de un derecho pisoteado, de una injusticia que se ha de reivindicar, es decir, fijan (en el plano de la fantasía, donde las ideas pueden echar raíces en forma de figuras elementales) un punto que será fundamental para toda la toma de conciencia social de la época moderna, desde la Revolución francesa en adelante.
Dix-sept ! Et ton destin te rattrapera d’un bond, parce que tu deviendras célèbre, très célèbre, soudain ta chaîne YouTube recevra des millions de visites, un succès aberrant si on pense qu’elle s’occupera de choses simples, sérieuses, normales, et tandis que ton pays sombrera, beaucoup d’adolescents s’accrocheront à toi, beaucoup d’enfants aussi, ils voudront faire ce que tu fais, devenir comme toi, voir le monde avec tes yeux incroyables, et ils te suivront, de plus en plus nombreux, ce qui signifie aussi de l’argent, Miraijin, des flots d’argent, qui ne te scandaliseront pas et ne te détourneront pas de ton chemin, tu en donneras une grosse partie à ceux qui en ont besoin évidemment, mais tu mettras de côté le reste, parce que être riche quand tout le monde s’appauvrit est un énorme avantage si on doit changer le monde, et ton grand-père désormais sera à la retraite et se consacrera entièrement à tes affaires, pour que tu ne perdes pas le fil de la vie normale, tes études, les sorties pédagogiques, le piano, les séjours linguistiques à Londres, les fêtes, les concerts, une partie des vacances à Bolgheri avec ton grand-père et l’autre avec tes amies qui t’inviteront partout pour ne pas avoir à te quitter, il s’occupera des aspects pratiques liés à cette célébrité que tu vas conquérir pendant ce temps afin que – pensera-t-il, et il aura raison – ce ne soit pas la célébrité qui te conquière, parce que – pensera-t-il, et il aura raison – si tu perdais le fil de ta vie normale, tu deviendrais immédiatement une entreprise, un produit, une marque, et tu serais tout de suite harcelée par des agents, des fondés de pouvoir, des promoteurs, des imprésarios, des entrepreneurs, des exploiteurs, qu’il voudra au contraire tenir à distance de façon à ce que ne restent près de toi que de vraies personnes, les enfants, les jeunes, garçons et filles, qui en t’imitant se rebelleront contre le désastre provoqué par leurs parents, et donc au bout du compte, il se passera à nouveau dans la vie de Marco Carrera ce qu’il s’est toujours passé, à savoir : il restera immobile, enraciné, et essaiera de toutes ses forces d’immobiliser aussi le temps autour de lui, qui évidemment ira de l’avant pour toi Miraijin, et voilà, tu as eu dix-huit ans, cela semblera impossible, Miraijin majeure, une jeune femme, très belle, à l’influence cathartique et de plus en plus séminale, au sens où naîtra de toi, désormais ce ne sera plus un secret, la nouvelle humanité capable de survivre à la ruine dont l’ancienne est responsable, de toi et des personnes comme toi, parce que le vrai changement, le seul que ton grand-père encouragera, ce sera qu’on cherchera les personnes comme toi, Miraijin, les élus, les hommes nouveaux, les femmes du futur, qu’on les trouvera, qu’on les rassemblera et qu’on les déploiera tous ensemble pour, commençons par le début, sauver le monde avant de le changer, parce que le monde sera en danger, exactement comme beaucoup de gens l’avaient redouté dans les années précédentes, mais sans être écoutés, et comme cela avait été imaginé des milliers de fois pendant tout le siècle précédent dans les livres, les bd, les dessins animés, les mangas, les films, l’art, la musique, et malgré cela ils seront nombreux à refuser jusqu’au bout d’y croire, ou, pour d’autres, à y croire trop tard et s’en étonner, bref toi Miraijin, et tes semblables, serez recrutés et entraînés pour mener la guerre que personne n’aura voulu mener avant, même si depuis longtemps il sera clair qu’il s’agissait bien d’une guerre, une guerre féroce entre la vérité et la liberté, toi, les personnes comme toi et tout votre public d’enfants et d’adolescents (en très grand nombre), de jeunes hommes et jeunes femmes (en grand nombre), d’adultes (en petit nombre) et de vieux (en très petit nombre) rangés dans le camp de la vérité, puisque la liberté désormais aura été transformée en un concept hostile, à faire grincer les dents, et criminellement pluriel – les libertés, les libertés infinies entre lesquelles ce mot aura été dépecé comme le zèbre par le troupeau de hyènes qui le dévore, liberté de choisir toujours ce qu’on préfère, liberté de récuser toute autorité qui s’y oppose, liberté de ne pas se soumettre aux lois qui vous déplaisent, de ne pas respecter les valeurs fondatrices, la tradition, les institutions, le pacte social, les accords établis, liberté de ne pas se rendre à l’évidence, liberté de se dresser contre la culture, contre l’art et contre la science, liberté de soigner selon des protocoles non reconnus par la communauté ou, au contraire, de ne pas soigner du tout, ne pas vacciner, ne pas utiliser d’antibiotiques, liberté de ne pas croire à des faits avérés, liberté de croire au contraire à de fausses nouvelles et liberté d’en répandre, et aussi liberté de produire des émissions dangereuses, des déchets toxiques, des résidus radioactifs, liberté de déverser dans les mers des matières non biodégradables, de polluer les nappes phréatiques et les fonds marins, liberté pour les femmes d’être machistes, pour les hommes d’être sexistes, liberté de tirer sur l’individu qui s’introduit chez vous, liberté de repousser les naufragés et de les renvoyer dans les prisons des dictatures, liberté de laisser se noyer les naufragés, de haïr les religions qui ne sont pas la vôtre, les façons de manger et s’habiller qui ne sont pas les vôtres, liberté de mépriser les végétariens et les végans, liberté de chasser les éléphants, les baleines, les rhinocéros, les girafes, les loups, les porcs-épics, les mouflons, liberté d’être cruel, impoli, égoïste, ignorant, homophobe, antisémite, islamophobe, raciste, négationniste, fasciste, nazi, liberté de prononcer les mots « nègre », « anormal », « bohémien », « paralysé », « mongolien », « pédé », voire de les crier, liberté de suivre exclusivement son bon vouloir et son intérêt, de faire les mauvais choix en pleine connaissance de cause et de combattre sans pitié quiconque voudra les bannir, parce que c’est eux qu’on considérera comme les garants de la liberté, et pas la Constitution.
Y tu destino se te echará encima, porque te harás famosa, sí, muy famosa, y de pronto tu canal de YouTube lo verán millones de personas, un éxito absurdo habida cuenta de que tratará de cosas sencillas, serias, normales, y mientras tu país se va al garete, muchos adolescentes se aferrarán a ti, muchos niños incluso querrán hacer lo que tú hagas, ser como tú, ver el mundo con tus increíbles ojos, y te seguirán, cada vez en mayor número, lo que significa que harás dinero, Miraijin, mucho dinero, un dinero que no te impresionará ni te apartará de tu camino, darás buena parte de él a quien lo necesite, claro, y el resto lo ahorrarás, porque ser rica mientras todos se empobrecen es una enorme ventaja si se quiere cambiar el mundo, y tu abuelo estará ya jubilado y se ocupará de todos tus asuntos para que tú no te distraigas y sigas haciendo tu vida normal, instituto, viajes de estudios, piano, viajes a Londres para aprender inglés, fiestas, conciertos, vacaciones en Bolgheri con tu abuelo y vacaciones con tus amigas, que te invitarán a todas partes con tal de no separarse de ti, él se encargará de todas las cuestiones prácticas relacionadas con la fama cada vez mayor que conquistarás, para que —pensará y con razón— la fama no te conquiste a ti, porque —pensará y con razón— si te apartaras de tu vida normal, te convertirías inmediatamente en un negocio, una marca, y enseguida te asaltarían agentes, representantes, promotores, empresarios, emprendedores, explotadores, a los que él se encargará de mantener lejos para que solo se te acerquen las personas de verdad, los niños, las niñas, las chicas y los chicos que, imitándote, estarán rebelándose contra el desastre causado por sus padres, con lo que en la vida de Marco Carrera volverá a ocurrir lo que siempre ha ocurrido, después de todo: él estará quieto, plantado en el suelo, y tratará con todas sus fuerzas de detener también el tiempo que lo rodea, tiempo que, claro está, para ti correrá, Miraijin, y de pronto habrás cumplido dieciocho años y parecerá mentira: serás mayor de edad, serás una mujer hermosísima, catártica y cada vez más seminal, pues de ti, ya no será un secreto, estará naciendo la nueva humanidad, que será capaz de sobrevivir a la ruina provocada por la vieja humanidad, de ti y de aquellos que sean como tú, porque el verdadero cambio, el único que tu abuelo querrá, será que los que sean como tú, Miraijin, los elegidos, los hombres nuevos, las mujeres del futuro, se busquen, se encuentren, se unan y se pongan de acuerdo para salvar el mundo primero y cambiarlo después, pues a esas alturas el mundo estará en peligro, tal y como muchos temieron en años anteriores, sin que fueran escuchados, y miles de veces imaginaron a lo largo del siglo anterior en libros, cómics, dibujos animados, mangas, cine, arte, música, pese a lo cual habrá mucha gente que se negará a creerlo y mucha otra que lo creerá demasiado tarde, y se sorprenderá; y, en fin, tú, Miraijin, y los que sean como tú, seréis reclutados y adiestrados para librar la guerra que nadie habrá querido librar antes, aunque ya esté claro desde hace tiempo que se trataba de eso, una guerra, una guerra feroz entre verdad y libertad, tú, los que sean como tú y todo vuestro público de niños y adolescentes (muchísimos), de chicos y chicas (muchos), de adultos (pocos) y de viejos (poquísimos), puestos de parte de la verdad, pues para entonces la libertad habrá sido transformada en un concepto hostil, chirriante e imperdonablemente plural: las libertades, las infinitas libertades en las que esa palabra será desmembrada, como la manada de hienas desmiembra a la cebra y la devora, libertad de escoger siempre lo que prefiramos, libertad de rechazar toda autoridad que quiera impedirlo, libertad de no someternos a las leyes que no nos gusten, de no respetar los valores fundamentales, la tradición, las instituciones, el pacto social, los acuerdos firmados en el pasado, libertad de no rendirnos a la evidencia, libertad de sublevarnos contra la cultura, contra el arte y contra la ciencia, libertad de curar según protocolos no reconocidos por la comunidad o, al contrario, de no curar, no vacunar, no usar antibióticos, libertad de no creer en los hechos probados, libertad de creer en las noticias falsas y libertad de crearlas, libertad de producir emisiones perjudiciales, desechos tóxicos, residuos radiactivos, libertad de verter al mar materiales no biodegradables, de contaminar los acuíferos y los fondos marinos, libertad de las mujeres de ser machistas, de los hombres de ser sexistas, libertad de disparar contra el que entre en nuestra casa, libertad de rechazar a los refugiados y encerrarlos en campos de concentración, libertad de dejar que los náufragos se ahoguen, de odiar a los que profesen una religión que no sea la nuestra, que coman y vistan de manera distinta, libertad de despreciar a los vegetarianos y a los veganos, libertad de cazar elefantes, ballenas, rinocerontes, jirafas, lobos, puercoespines, muflones, libertad de ser crueles, maleducados, egoístas, ignorantes, homófobos, antisemitas, islamófobos, racistas, negacionistas, fascistas, nazis, libertad de decir «negro», «subnormal», «gitano», «paralítico», «mongol», «maricón», de decirlo incluso gritando, libertad de hacer únicamente nuestra voluntad y perseguir nuestro interés, de equivocarnos sabiendo que nos equivocamos y de luchar a muerte contra quien quiera eliminar el error porque este, y no la Constitución, será considerado el garante de la libertad. Tú, Miraijin, y los que sean como tú, con vuestro ejemplo y con el carisma del hombre nuevo, mientras otros luchen en la vida real, deberéis luchar en la Red, en ese campo enemigo, en ese caldo de cultivo en el que proliferan las metástasis de la libertad, y tendréis el cometido de defender y mantener vivas ahí, en la Red, para los niños y los jóvenes, con vuestros juegos y vuestros cuentos en lengua nativa, con vuestras listas de cosas que deberían hacerse y no hacerse, es decir, con el discernimiento, con la normalidad, que estará desapareciendo; la piedad, que estará desapareciendo; la antigua bondad europea, que estará desapareciendo, la bondad de los emigrantes y los exiliados muertos lejos de casa, de los siervos, de los campesinos, de los mineros, de los peones, de los marineros que se mataron a trabajar para que sus hijos vivieran mejor, de los misioneros comidos por los caníbales, de los intelectuales, de los poetas, de los artistas, de los arquitectos, de los ingenieros, de los científicos perseguidos por los tiranos, y por esta razón, como serás famosa, por el simple hecho de actuar en nombre y en defensa de la verdad, incluso de la más trivial y cotidiana, contra la libertad de pisotearla, estarás en peligro.
C’est d’ailleurs là que se concentrent les attaques de ses détracteurs : dans son effort pour s’enraciner dans toute l’histoire de la musique ils voient éclectisme ;
Por otra parte, en este punto se concentran los ataques de sus detractores: en su esfuerzo por arraigarse en toda la historia de la música ellos ven eclecticismo;
La décision était prise dans mon esprit, mais elle devait s'enraciner dans ma lutte contre ceux qui me tentaient en m'offrant des postes importants et faisaient pression sur moi, convaincus de l'importance transcendante de ma mission de physicien.
La decisión estaba tomada en mi espíritu, pero debía arraigarse en la lucha con quienes me tentaban con puestos importantes y me agobiaban con su certeza de la trascendente misión que yo debía a la física.
Il avait l’impression d’être vieux. Aussi vieux que ses parents, aussi vieux que la rue. Foutu, songea Jimmy, qui laissa retomber son bras. Il vit encore Dave lui adresser un léger hochement de tête, puis baisser le store avant de retourner dans cet appartement aux murs bruns dont seul le tic-tac des pendules troublait le silence, et Jimmy sentit la tristesse s’enraciner en lui, se blottir parmi ses entrailles comme dans un nid douillet, et cette fois, il ne tenta même pas de souhaiter qu’elle s’en aille, car une partie de lui avait déjà compris que cela ne servait à rien.
Se sentía viejo. Viejo como sus padres y como aquella calle. «Mercancía dañada», pensó, y dejó caer la mano sobre su regazo. Observó que Dave lo saludaba con la cabeza antes de echar las cortinas y de adentrarse de nuevo en aquel piso demasiado tranquilo, de paredes marrones y relojes que hacían tictac; Jimmy sintió la tristeza arraigarse en él, acurrucarse en su interior como si buscara un cálido hogar, y ni siquiera se esforzó en desear que se fuera, porque una parte de él comprendió que era inútil.
(« voici la chambre de tes parents », disait tante Adela, et tu entrais dans une grande pièce claire, où le soleil miroitait sur les boules de cuivre aux quatre coins d'un immense lit carré, haut comme un navire, et recouvert d'une courtepointe en coton blanc, festonnée, et les rideaux de cretonne défraîchie tremblaient dans le vent du matin, il y avait des meubles en merisier, une coiffeuse sur laquelle s'alignaient des flacons de vieil argent, aux bouchons épais de cristal taillé, et des brosses d'écaillé et de vermeil, et dans la rainure du cadre en bois de la glace quelques photographies jaunies avaient été glissées, tu voyais un petit garçon de cinq ans, en costume marin, c'était toi, Ramón Mercader, « ta mère se tenait ici, dans la matinée », disait tante Adela, « sa santé était fragile, elle ouvrait les fenêtres pour t'entendre jouer dans le parc », et c'était insupportable, tu avais souhaité être ailleurs, ou bien pouvoir interrompre le bavardage ému de la vieille demoiselle, mais tu étais fasciné par l'image de ce petit garçon de cinq ans, en costume marin, qui avait joué dans le parc sous la surveillance passionnée d'une mère à la santé fragile, lointaine image d'un autre toi-même, indéchiffrable, « et tout au long de cette année-là ta mère s'est éteinte », disait tante Adela, « elle s'est affaiblie, jour après jour, et c'est finalement dans la soirée du 17 juillet 1936 qu'elle est morte, dans les bras de ton père, et ses derniers mots ont été pour toi, pour nous recommander de prendre bien soin de toi », et tu te demandais, dans la nausée de ce souvenir inaccessible, si c'est le pressentiment de cette mort prochaine qui assombrissait les yeux du petit garçon en costume marin, sur la photographie jaunie de la coiffeuse, ou bien si c'était la prémonition de ton intrusion, vingt ans après, dans cet univers intact que ta présence actuelle faisait éclater en mille morceaux de verre coupant, mais la vieille demoiselle parlait encore, tout en se déplaçant dans la chambre et en touchant des objets, qu'elle soulevait machinalement, sans les voir, avant de les remettre à leur place, elle disait que « c'était écrit, ta naissance s'est produite au lendemain de la proclamation de la République, quelle grande joie, ton père y a vu comme un présage, mais le destin n'a pas voulu que les choses soient ainsi que ton père les avait rêvées, et ta mère est morte le jour même où sont arrivées les premières nouvelles de ce soulèvement militaire, au Maroc, et* voilà, tu es parti, tu es devenu homme dans un pays étranger », et sa voix s'était brisée, tu avais aperçu des larmes dans ses yeux, tu savais qu'elle aurait voulu, à ce moment, te parler de la mort de ton père, qu'elle t'avait racontée, longuement, dans l'une de ses premières lettres, se délivrant ainsi d'une longue souffrance solitaire, d'une sombre horreur que vous seriez deux à supporter, désormais, et) il oublie Brouwer, et cette histoire que Moedenhuik avait racontée, à propos de Brouwer et du Chargé d'Affaires de la République espagnole, il oublie complètement pourquoi il se tient, immobile, devant la grille fermée de cette maison du Plein 1813, il pense qu'en ce moment même Inès est peut-être en train d'ouvrir les fenêtres de la grande chambre à coucher, dans la maison de Cabuérniga. ou bien en train de lire un livre, dans la galerie couverte, tout en surveillant du coin de l'œil les jeux de Sonsoles, sur la terrasse de sable fin qui s'étendait au pied de la maison, (et ce n'est que le deuxième jour que tu avais marché jusqu'au cimetière du village, abandonnant tante Adela, nerveuse et triste, à la maison, et elle t'avait expliqué où trouver les tombes, mais tu t'étais d'abord promené dans les allées, parmi les dalles funéraires, regardant distraitement les noms qui y étaient inscrits, avant de te diriger vers l'endroit où tu savais, d'après la description minutieuse de tante Adela, trouver les deux tombes, côte à côte, et tu avais lu sur les pierres soigneusement entretenues les deux noms, sur celle de gauche, SONSOLES AVENDAÑO DE MERCADER, au-dessous d'une croix, et sur celle de droite, JOSÉ MARÍA MERCADER Y BULNES, et tu avais lu les dates, aussi, 17 juillet 1936, sur celle de gauche, 5 septembre 1937, sur celle de droite, où il n'y avait pas de croix, ni non plus les trois initiales du Requiescat In Pace, simplement le nom et la date, car c'est après la chute de Santander aux mains des troupes italiennes des divisions Littorio, Flammes Noires et 23 mars que « ton père était revenu dans sa maison », disait tante Adela, « pour attendre les événements, puisqu'il avait de toute façon refusé de partir dans l'un des chalutiers surchargés de réfugiés qui avaient essayé, au cours de ces journées, de gagner la France, il était revenu dans sa maison, à pied, marchant la nuit à travers un territoire déjà occupé par les troupes italiennes et les brigades navarraises de Solchaga, il était arrivé ici, à l'aube, et il s'était enfermé dans sa chambre, la chambre où ta mère était morte, il avait pendant deux jours trié des papiers, des vieilles lettres, des photographies, et au soir du 5 septembre deux voitures sont apparues, roulant à toute vitesse, dans l'allée de châtaigniers, deux voitures chargées d'hommes jeunes, certains étaient encore adolescents, qui riaient brutalement, des hommes armés, portant la chemise bleue de la Phalange, avec le joug et les cinq flèches brodés en rouge, sur le côté du cœur, et ton père était descendu à leur rencontre, dans l'escalier de sa maison », mais la vieille demoiselle n'avait pas pu, cette fois-là non plus, terminer son récit, dont tu connaissais la suite, cependant, car elle t'avait écrit une longue lettre, trois mois après ton retour, tu savais que ces hommes, dans l'allégresse de leur force, du sentiment d'impunité que leur donnait la victoire, mais aussi bien de la conviction de n'être que les instruments d'une justice implacable, nourrie par plus d'un siècle de sang, ces hommes avaient entraîné José María Mercader jusqu'aux voitures, qui avaient de nouveau démarré en trombe, au milieu des cris et du bruit aigu des klaxons, vers l'enclos du vieux cimetière, et le soir déjà était tombé, ils avaient allumé les phares des automobiles et, à la lumière des phares, collé au mur — ainsi qu'un témoin, des années plus tard, avait osé le rapporter à Adela Mercader —, ton père avait levé le poing dans le salut du Front populaire, lui, chrétien, lui, bourgeois, qui avait choisi les pauvres dans cette guerre entre les pauvres et les riches, il avait donc levé le poing, crié quelque chose que le bruit de la décharge avait rendu inaudible, levé le poing pour n'être pas seul à ce moment dernier, pour retrouver, ne fût-ce qu'une fraction de seconde, au moment de mourir, cette colère et cette joie, cette force et cet espoir, dans le salut des pauvres qui allaient mourir, par centaines, par milliers, au cours de ces années, comme ils mouraient depuis un siècle, levé le poing dans la lumière des phares, en criant quelque chose, pour ne pas être seul, pour définitivement s'enraciner dans cette armée de cadavres invincibles, cette sourde armée d'ouvriers et de paysans qui allaient mourir, levé le poing, lui, l'avocat catholique, pour être parmi les siens, avec les siens, au moment de mourir, avec ceux qui brûlaient les églises, rageusement, désespérément, joyeusement, levé le poing dans la lumière des phares, sous les insultes, peut-être, ou les sarcasmes, des jeunes gens de sa classe, de son monde, mais il avait choisi de mourir avec une autre classe, un autre monde, avec cette sombre, immense armée de cadavres qui peuplerait de cris, et de sang, de poings levés, les nuits de cette Espagne, pendant une décennie encore, et tu regardais maintenant les deux dalles, côte à côte, allongées ensemble dans la verdeur herbeuse du grand sommeil, tu les regardais dans la lumière de septembre de nouveau, tu voyais ce prénom féminin, sonsoles, et)
(«esta es la habitación de tus padres», decía tía Adela, y entrabas en una gran estancia luminosa, donde el sol espejeaba en las bolas de cobre que remataban los cuatro ángulos de una inmensa cama cuadrada, alta como un barco, y recubierta de una colcha de algodón blanco, festoneada, y las cortinas de cretona ajada temblaban al viento de la mañana, había muebles de cerezo, una coqueta sobre la que se alineaban frascos de plata vieja, con tapones macizos de cristal tallado, y cepillos de concha y de plata sobredorada, y en la ranura del marco de madera del espejo se habían introducido unas cuantas fotografías amarillentas, veías a un niño de cinco años vestido de marinero, eras tú, Ramón Mercader, «tu madre se quedaba aquí por las mañanas», decía tía Adela, «estaba delicada de salud, abría las ventanas para oírte jugar en el parque», y era insoportable, hubieras deseado estar en otro lugar, o bien poder interrumpir la charla conmovida de la vieja solterona, pero estabas fascinado por la imagen de aquel niño de cinco años vestido de marinero, que había jugado en el parque bajo la vigilancia apasionada de una madre de salud frágil, lejana imagen de otra persona que eras tú mismo, indescifrable, «y durante todo este año tu madre se fue apagando», decía tía Adela, «se debilitaba día a día, y por fin, en la noche del 17 de julio de 1936 murió en los brazos de tu padre, y sus últimas palabras fueron para ti, para recomendamos que cuidáramos mucho de ti», y tú te preguntabas, en la náusea de ese recuerdo inaccesible, si era el presentimiento de esa muerte próxima lo que ensombrecía los ojos del niño vestido de marinero, en la fotografía amarillenta de la coqueta, o bien si era la premonición de tu intrusión, veinte años más tarde, en ese universo intacto que tu presencia actual hacía estallar en mil pedazos de cristal cortante, pero la vieja solterona seguía hablando, sin dejar de ir de un lado a otro de la habitación tocando objetos, que levantaba maquinalmente sin verlos antes de volver a dejarlos en su lugar, decía que «estaba escrito, tu nacimiento fue al día siguiente de la proclamación de la República, qué gran alegría, tu padre creyó que era como un presagio, pero el destino no ha querido que las cosas fueran tal como tu padre las había soñado, y tu madre murió el mismo día en que llegaron las primeras noticias de aquella sublevación militar, en Marruecos, y luego, ya ves, tú te fuiste, te has hecho hombre en un país extranjero», y su voz se había quebrado, habías visto lágrimas en sus ojos, sabías que ella hubiese querido en aquel momento hablarte de la muerte de tu padre, que te había contado largamente en una de sus primeras cartas, liberándose así de un largo sufrimiento solitario, de un sombrío horror que a partir de entonces ya seríais dos a soportar, y) se olvida de Brouwer y de esa historia que Moedenhuik había contado, acerca de Brouwer y del encargado de negocios de la República española, se olvida completamente de por qué está ahí, inmóvil, ante la verja cerrada de esa casa del Plein 1813, piensa que en aquel mismo momento Inés está tal vez abriendo las ventanas de la alcoba grande, en la casa de Cabuérniga, o está leyendo un libro, en la galería cubierta, sin dejar, de vigilar con el rabillo del ojo los juegos de Sonsoles, en la terraza de fina arena que se extendía al pie de la casa, (y hasta el segundo día no habías ido al cementerio del pueblo, abandonando a tía Adela, nerviosa y triste, en la casa, y ella te había explicado cómo encontrar las tumbas, pero tú antes te habías paseado por las avenidas, entre las lápidas funerarias, mirando distraídamente los nombres grabados en ellas, antes de dirigirte hacia el lugar en que sabías, según la descripción minuciosa de tía Adela, que ibas a encontrar las dos tumbas, una al lado de la otra, y habías leído en las lápidas, limpias y bien cuidadas, los dos nombres, en la de la izquierda, Sonsoles Avendaño de Mercader, debajo de una cruz, y en la de la derecha, José María Mercader y Bulnes, y también habías leído las fechas, 17 de julio de 1936, en la de la izquierda, 5 de setiembre de 1937, en la de la derecha, en la que no había cruz, ni tampoco las tres iniciales del Requiescat in Pace, solo el nombre y la fecha, porque fue después de la caída de Santander en manos de las tropas italianas de las divisiones Littorio, Llamas Negras y 23 de Marzo, cuando «tu padre volvió a su casa», decía tía Adela, «para esperar los acontecimientos, puesto que de todos modos se había negado a embarcarse en una de las traineras sobrecargadas de refugiados que durante aquellos días habían intentado llegar a Francia, había vuelto a su casa, a pie, andando de noche a través de un territorio ya ocupado por las tropas italianas y las brigadas navarras de Solchaga, había llegado aquí, al amanecer, y se había encerrado en su cuarto, el cuarto donde tu madre había muerto, durante dos días había estado ordenando papeles, cartas antiguas, fotografías, y al atardecer del 5 de setiembre se presentaron dos coches, a toda velocidad, en la avenida de los castaños, dos coches cargados de hombres jóvenes, algunos eran aún adolescentes, que reían brutalmente, hombres armados, que llevaban la camisa azul de la Falange, con el yugo y las cinco flechas bordadas en rojo, en el lado del corazón, y tu padre había ido a su encuentro, en la escalera de su casa», pero la vieja solterona tampoco esta vez había podido terminar su relato, cuya continuación sin embargo tú ya conocías, pues te había escrito una larga carta tres meses después de tu regreso, sabías que aquellos hombres, en el alborozo de su fuerza, del sentimiento de impunidad que les daba la victoria, pero también de la convicción de no ser más que los instrumentos de una justicia implacable, alimentada por más de un siglo de sangre, esos hombres habían arrastrado a José María Mercader hasta los coches, que habían arrancado de nuevo rápida y violentamente, en medio de los gritos y del ruido agudo de las bocinas, hacia el recinto del viejo cementerio, y, como la tarde ya había caído, habían encendido los faros de los automóviles, y a la luz de los faros, de espaldas a la tapia —según un testigo, años más tarde, se había atrevido a referir a Adela Mercader— tu padre había levantado el puño haciendo el saludo del Frente Popular, él, cristiano, él, burgués, que había elegido el bando de los pobres en esa guerra entre los pobres y los ricos, había levantado, pues, el puño, gritado algo que el estampido de la descarga había hecho inaudible, levantado el puño para no estar solo en aquel último momento, para volver a encontrar, aunque solo fuera durante una fracción de segundo, en el momento de morir, esa cólera y esa alegría, esa fuerza y esa esperanza, en el saludo de los pobres que iban a morir a centenares, a millares, en el curso de estos años, como morían desde hacía un siglo, levantado el puño a la luz de los faros, gritando algo, para no estar solo, para arraigarse definitivamente en ese ejército de cadáveres invencibles, ese sordo ejército de obreros y de campesinos que iban a morir, levantado el puño, él, el abogado católico, para estar entre los suyos, con los suyos, en el momento de morir, con los que quemaban las iglesias, rabiosamente, desesperadamente, jubilosamente, levantado el puño a la luz de los faros, entre los insultos, tal vez, o los sarcasmos, de los jóvenes de su clase, de su mundo, pero él había elegido morir con otra clase, con otro mundo, con ese sombrío, inmenso ejército de cadáveres que poblaría de gritos y de sangre, de puños levantados, las noches de esta España, durante un decenio más, y tú mirabas ahora las dos lápidas, una al lado de la otra, juntas en el verdor herboso del gran sueño, las mirabas a la luz de setiembre, de nuevo veías ese nombre femenino, SONSOLES, y) Inés, en aquel preciso instante;
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