Käännös "billete moneda" ranskan
Käännösesimerkit
Hay días en que debe recorrer hasta cinco corralones diferentes —alejados entre sí y ubicados, por lo general, en puntos remotos de la ciudad, para llegar a los cuales pierde horas viajando— hasta dar no con el mejor, ni con el que le recomendaron, ni siquiera con el más barato, sino simplemente uno que tenga precio —un precio que él esté en condiciones de pagar, lo que, a esa altura del partido, con el costo de vida en alza a razón del ciento cincuenta por ciento mensual, quiere decir un precio razonablemente inadmisible— y no haya decidido acopiar lo que tiene para vender, como hacen la mayoría de los corralones, a la espera de que el precio vuelva a subir, ladrillos, arena, cemento, lo que sea que las hordas de maestros mayores de obras, arquitectos y albañiles, alertadas antes que él de la existencia del lugar, no se hayan llevado ya. Da con el lugar y llega, y cuando hace por fin su pedido, lleno de felicidad pero temblando, a tal punto sabe que la continuidad inmediata de la obra depende de la respuesta que le dé el capataz del corralón, una de tres: o le dicen que sí, que hay todo lo que pide y el dinero que le exigen por la compra no compromete de manera irreversible su ya diezmado presupuesto y todos contentos, o le dicen que sí, que hay todo, etcétera, pero llegado el momento de pagar no le piden pesos —que es lo que él lleva encima, menos por sentido práctico que por prudencia, porque, signo de los tiempos, basta la mera sospecha de que alguien esconde un puñado de billetes extranjeros para volverlo blanco de asalto— sino dólares, y dólares billetemoneda de asilo, por entonces, del ochenta por ciento de los comerciantes, que sin embargo seguirán atrincherados en ella cuando no haya motivos que lo justifiquen, un poco como los televisores que desembarcan en los bares con los primeros campeonatos mundiales de fútbol y terminan volviéndose parte del mobiliario cotidiano—, ese cash verde que él, si no quiere perder su pedido y que la obra se pare, deberá conseguir por las suyas antes del horario de cierre del corralón, a más tardar las seis de la tarde, es decir, dado que bancos y casas de cambio llevan ya media hora cerrados, rastrearlos en sórdidas galerías de barrio, trastiendas de agencias de viajes que son pura fachada, baños de bares, escaleras de playas de estacionamiento, todos esos nidos furtivos donde florecen desde hace meses los arbolitos, como se hacen llamar, bien a tono con el verde vegetal del dólar, esos lúmpenes que buscan hacerse el día y recién salen a comprar y vender cuando bancos y casas de cambio han bajado ya sus cortinas y no hay cotización de ningún tipo, ni oficial ni paralela, dólar libre total, fumando apostados detrás de columnas, dando vueltas sobre sí mismos, a primera vista ociosos pero con todos los sentidos alerta, atentos a la aparición de gente desesperada como él, que con el tiempo, a su vez, aprende a detectarlos enseguida, allí mismo, incluso, infiltrados en la cola del corralón, calentando en sus bolsillos los billetes que venderán con sobreprecios siderales.
Certains jours, il doit se rendre jusque dans cinq dépôts différents – éloignés les uns des autres et situés, en général, dans des lieux écartés de la ville, qu’il met plusieurs heures à atteindre – pour tomber non pas sur le meilleur d’entre eux, ni sur celui qu’on lui a recommandé, ni même sur le moins cher, mais simplement sur celui qui affiche ses prix – un prix qu’il soit prêt à payer, ce qui, à ce point de la partie, vu l’augmentation du coût de la vie à hauteur de cent cinquante pour cent tous les mois, signifie un prix raisonnablement inadmissible – et n’a pas décidé de stocker tout ce qu’il a à vendre, comme le font la plupart des dépôts, en attendant que les prix grimpent à nouveau, le prix des briques, du sable, du ciment, de tout ce que la horde des maîtres d’ouvrage, des architectes et des maçons, alertés avant lui de l’existence du lieu, n’ont pas déjà emporté. Il trouve l’endroit et l’atteint enfin, et lorsqu’il passe sa commande, tout heureux mais tremblant, tant il sait que la poursuite immédiate des travaux dépend de la réponse que va lui donner le contremaître du dépôt, deux possibilités se présentent à lui : ou on lui dit oui, que tout ce qu’il veut est disponible et l’argent qu’on lui demande pour l’acheter ne compromet pas de façon irréversible son budget bien malade, et tout le monde est content, ou on lui dit oui, que tout est disponible, et cetera, mais au moment de payer on refuse les pesos – et c’est justement la seule monnaie qu’il a sur lui, moins par sens pratique que par prudence, car, signe des temps, il suffit qu’on se doute que quelqu’un cache une poignée de billets étrangers pour que ce dernier devienne la cible d’une agression – et qu’on exige des dollars, et des dollars en billets – la monnaie refuge de quatre-vingts pour cent des commerçants d’alors, qui demeureront cependant toujours retranchés derrière elle, même plus tard, lorsque rien ne le justifiera plus, un peu comme ces téléviseurs qui débarquent dans les bars avec les premiers championnats du monde de football et finissent par faire partie des meubles – ce cash vert qu’il devra se débrouiller pour trouver tout seul, s’il ne veut pas perdre sa commande et que les travaux s’arrêtent, avant la fermeture du dépôt, au plus tard à six heures de l’après-midi, c’est-à-dire, étant donné que les banques et les bureaux de change sont déjà fermés depuis une demi-heure, pour les dégoter dans de sordides galeries de quartier, arrière-boutiques d’agences de voyages qui ne sont que des vitrines, toilettes de bars, escaliers de parkings, tous ces nids furtifs où fleurissent depuis des mois les petits arbres, comme ils se sont baptisés eux-mêmes, bien assortis au vert végétal du dollar, ces fauchés qui cherchent à gagner leur journée et sortent pour acheter et vendre lorsque les banques et les bureaux de change ont déjà baissé leur rideau et qu’il n’y a plus de cours des monnaies, ni officiel ni parallèle, un dollar totalement libre, postés en train de fumer derrière des colonnes, piétinant sur place, à première vue oisifs mais tous les sens en alerte, attentifs à l’apparition de gens désespérés comme lui, qui avec le temps apprennent à leur tour à les repérer tout de suite, y compris sur place, infiltrés dans la queue du dépôt, chauffant dans leurs poches les billets qu’ils vont revendre avec une surcote sidérale. Comment fait-il pour ne pas s’effondrer.
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